L’œuvre est composée de trois presse-citrons présentés sur socles.
Brillamment éclairés comme sous les feux de la rampe, ils sont placés sous la surveillance d’une caméra vidéo. En étant déplacés dans le champ de l’art au sein de ce dispositif, ces objets usuels acquièrent un statut d’œuvre.
L’artiste reprend ici le geste historique de Marcel Duchamp qui, en 1913, inaugure une série de ready-made : des objets (tout faits), quelconques, choisis par l’artiste pour être exposés sur la scène de l’art et considérés comme œuvres. Leur valeur artistique ne doit donc rien au savoir-faire ou à la virtuosité de l’artiste, ni à l’authenticité ou à la beauté de l’objet, elle tient aux intentions de l’artiste qui remet en cause la définition de l’oeuvre et réinvente la pratique de l’art.
En s’appropriant ce geste qui a donné naissance à un grand nombre de pratiques actuelles, Hervé Bezet déroge cependant à la règle « d’indifférence esthétique » prônée par Duchamp.
Loin d’être quelconques, ces presse-citrons ont été conçus par le célèbre designer Philippe Starck. L’artiste se doit donc de renforcer la surveillance de ces objets de design, pur recyclage du concept de Duchamp, afin de déjouer toute nouvelle tentative d’appropriation les menaçant de retourner à leur fonction première. ../...
Dominique Abensour, Commissaire d’exposition – Novembre 2012
Ci-dessous des extraits des vidéosurveillances, des quatre vols de presse-citrons commis durant la 6ème biennale d’art contemporain de Bourges (cliquez sur "play pour jouer les vidéos, et faites défiler la playlist pour accéder à l'ensemble des vidéos, la navigation est aussi possible avec les flèches gauche et droite dans le diaporama).